Un vaccin du futur contre la COVID-19


Denis Leclerc, professeur à la Faculté de médecine de l’Université Laval et chercheur au Centre de recherche du CHU de Québec (Source d’image : Marc Robitaille)

Il y a beaucoup de fébrilité en ce moment dans le laboratoire de Denis Leclerc, professeur à la Faculté de médecine de l’Université Laval et chercheur au Centre de recherche du CHU de Québec. Lui et sa petite équipe, ils sont cinq en tout, sont à pied d’œuvre afin de mettre au point un vaccin qui pourra agir non seulement contre le virus responsable de la COVID-19, mais contre plusieurs types d’infections apparentées. Leur approche : un vaccin formé de deux composantes dont l’une s’appuie sur le pouvoir inusité d’un virus qui affecte la papaye.

Une technologie éprouvée

« On s’en va vers la vaccination du futur », lance Denis Leclerc. Le chercheur a reçu plus de 700 000 $ du gouvernement canadien par l'entremise des Instituts de recherche en santé du Canada pour concevoir son projet de vaccin, dont le premier élément consiste en une technologie qu'il a perfectionnée avec son équipe. Depuis quelques années, ils utilisent un virus végétal, le virus de la mosaïque de la papaye (papMV), pour créer des vaccins humains en version a méliorée. Comment? « Les protéines du virus de la papMV sont inoffensives pour nous, mais notre système les identifie tout de même comme étant étrangères. Cette alarme provoque une réaction immunitaire innée et très forte pour nous protéger », explique le professeur Leclerc.

En plus d’être rapide et puissante, cette protection immunitaire à l’avantage de se faire à deux niveaux, ajoute-t-il. « D’une part, elle déclenche la production d’anticorps. D’autre part, elle stimule la réponse cellulaire, c’est-à-dire la production de cellules spécialisées qui reconnaissent les cellules infectées et cherchent à les détruire. »

Le professeur Leclerc et son équipe tirent profit des pouvoirs immunitaires surprenants du papMV pour mettre au point des vaccins plus performants.

Grâce à la technologie des nanoparticules, les chercheurs ont stabilisé une partie des protéines du papMV pour en faire un genre de « véhicule » ou de plateforme qui sert à aller livrer les vaccins dans l’organisme. Ils ont notamment testé cette approche contre la souche H1N1 de la grippe saisonnière.

Protéger contre toutes les souches du virus

Quel est le lien avec la COVID-19? « Nous voulons combiner notre plateforme du papMV à un antigène du virus de la COVID-19 pour créer un vaccin très efficace et très sécuritaire », précise Denis Leclerc. Il s’agit en quelque sorte de leurrer le corps. Lorsqu’il sera mis en contact avec des morceaux du virus qui cause la COVID-19, il aura la même réponse immunitaire très performante qu’en présence du papMV.

Détail important, les antigènes utilisés par les chercheurs pour fabriquer la deuxième composante de leur vaccin candidat ne proviendront pas de patients atteints du coronavirus. Ils seront plutôt produits in vitro. « J’ai étudié la structure du virus SARS-CoV-2 à l’origine de la COVID-19 et j’ai choisi d’en sélectionner les parties les plus susceptibles de correspondre à des infections d’espèces apparentées, indique Denis Leclerc. Grâce à cette stratégie, nous pourrons développer un vaccin qui protège non seulement contre le virus responsable de la pandémie actuelle mais, de manière élargie, contre des souches de ce virus qui auraient subi des mutations. »

Si tout va bien, leur modèle pourra faire l’objet d’études précliniques d’ici l’automne. « Les quatre chercheuses avec qui je travaille sont très motivées, et nous y mettons toute l’énergie possible », assure Denis Leclerc tout en évoquant une réalité à ne pas négliger dans les laboratoires de recherche. « Mes collègues ont aussi des familles, des enfants. Comme le reste de la population, elles doivent composer avec les circonstances particulières que nous connaissons tous en raison de la pandémie, ce qui peut provoquer son lot de fatigue et d’anxiété. Or, j’y tiens à mon équipe. »

Un soutien de longue date

Pour le CRSNG, il n’est pas étonnant que les travaux de recherche de Denis Leclerc reçoivent un financement fédéral de cette ampleur en ces temps de crise. En effet, le mérite de ses idées est reconnu depuis déjà de nombreuses années. Le chercheur bénéficie d’un soutien annuel récurrent du CRSNG depuis 2008 pour sa recherche sur le papMV et depuis l’an 2000, pour ses travaux sur l’utilisation d’un virus végétal à des fins de vaccination humaine. Les comités d’évaluation par les pairs, qui formulent les recommandations relatives à l’octroi des subventions du CRSNG, ont depuis longtemps reconnu son expertise et ses idées. C’est donc avec fierté que le CRSNG appuie Denis Leclerc et espère que ses recherches pourront contribuer à améliorer la santé et la qualité de vie des Canadiennes et des Canadiens.

Cet article a été adapté avec la permission de l’This link will take you to another Web site Université Laval.

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