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Finaliste
Médaille d'or Gerhard-Herzberg en sciences et en génie du Canada de 2009

Brenda Milner

Neuropsychologie

Université McGill


Brenda Milner
Brenda Milner

Lorsque Brenda Milner a commencé à travailler à l'Institut neurologique de Montréal de l'Université McGill en 1950, son directeur de thèse lui a conseillé de « se rendre utile » auprès du légendaire Wilder Penfield et de ses collègues, afin de les aider à évaluer leurs patients en neurochirurgie. Son travail a abouti à la création d'un domaine de recherche complètement nouveau – une combinaison de la psychologie et de la neurologie – qui a plus tard été appelé « neuroscience cognitive ». Dans les années qui ont suivi, elle a contribué à en faire un outil précieux d'exploration du cerveau humain.

Mme Milner est toujours une figure dominante dans son domaine. Grâce à ses réalisations, elle est l'une des finalistes à la Médaille d'or Gerhard Herzberg en sciences et en génie du Canada.

Les travaux de Mme Milner, qui sont reconnus à l'échelle internationale, sont principalement axés sur la mémoire, particulièrement celle des patients atteints d'une lésion cérébrale ou ayant subi une chirurgie pour cause d'épilepsie ou d'autres maladies.

Certaines des découvertes les plus spectaculaires de Mme Milner sont attribuables aux travaux qu'elle a réalisés auprès d'un patient connu sous l'appellation HM. Celui ci avait subitement perdu la capacité de mémoriser à long terme les nouvelles expériences après avoir subi une opération où il s'était fait enlever une grande partie de l'hippocampe dans les deux hémisphères du cerveau dans le but d'arrêter ses crises épileptiques. À la grande surprise de tous, les expériences rigoureuses réalisées par Mme Milner ont révélé qu'HM était toujours capable d'apprendre. Dans un exemple célèbre, elle a montré qu'il pouvait apprendre et conserver certaines habiletés motrices sans se rappeler l'avoir fait. « C'est ma découverte la plus importante et la plus palpitante », déclare-t-elle.

En étudiant le cas d'HM et celui d'autres patients, Mme Milner a démontré que les humains possèdent de multiples systèmes de mémoire qui régissent différentes activités. Avant l'apparition de la technologie moderne de l'imagerie, elle a créé une batterie de tests cognitifs qui l'ont amenée à formuler de nouvelles conclusions spectaculaires au sujet du fonctionnement du cerveau, particulièrement celui du lobe temporal médian et du lobe frontal.

« Au début, il s'agissait uniquement d'investigation scientifique, parce qu'il était impossible de voir à l'intérieur du cerveau, déclare Mme Milner. Il fallait se servir de tous les indices cliniques et comportementaux et de tous les résultats des tests pour trouver le foyer de l'épilepsie. »

Les travaux de recherche de Mme Milner ont eu un effet profond sur l'évaluation préopératoire des patients et sur les techniques chirurgicales, parce qu'ils ont permis de créer une meilleure carte du cerveau. Ainsi, un problème de mémoire verbale viendrait du lobe temporal gauche, dans l'hémisphère dominant responsable du langage, alors que la difficulté à résoudre des problèmes viendrait du lobe frontal. Ces renseignements aident les neurochirurgiens à régler des problèmes sans faire perdre involontairement aux patients l'usage de fonctions liées à d'autres zones du cerveau.

Il faut tenir compte des différences entre les individus lorsqu'on détermine précisément l'origine d'un problème. « Ces données ne s'appliquent pas intégralement à tout le monde, mais elles sont assez convaincantes sur le plan statistique, explique Mme Milner. Ces solides résultats acquis au fil des années peuvent être des indicateurs très utiles. »

Certaines des premières conclusions de Mme Milner n'ont pas été acceptées immédiatement, parce que dans les années 1950, on croyait que la perte d'une fonction cérébrale était liée à l'ampleur de la lésion plutôt qu'à une zone du cerveau et qu'une perte de mémoire était invariablement accompagnée d'une diminution de la capacité intellectuelle.

Toutefois, Mme Milner est restée campée sur ses positions et l'a emporté. « J'ai toujours eu confiance dans mes données et dans les observations que j'ai faites, explique-t-elle. Je ne comprends pas toujours pourquoi j'obtiens certains résultats, mais je ne remets jamais en question les observations que je fais. »

Les progrès technologiques tels que l'imagerie par résonnance magnétique et la tomographie par émission de positrons ont transformé son domaine. S'ajoutant aux tests cognitifs, ils ont grandement accru la précision de l'imagerie du cerveau et la compréhension de ses diverses fonctions.

Mme Milner s'emploie encore à accroître nos connaissances sur le rôle crucial que joue l'hippocampe dans la mémoire. À l'heure actuelle, elle s'intéresse à l'hémisphère droit du cerveau et à la mémoire de la localisation des objets. Il s'agit d'un type de mémoire particulier qu'ont aussi les animaux qui doivent parfois se rappeler où ils ont caché de la nourriture ou quel endroit dangereux ils doivent éviter. Pour les humains, il pourrait être plus utile de répondre à la sempiternelle question : « Où ai-je laissé les clés de la voiture? » Ce type de mémoire la fascine, car le cerveau enregistre automatiquement les données sur les lieux, contrairement à d'autres types de mémoire basés sur la répétition ou l'étude concentrée.

Tout au long de sa carrière, Mme Milner a tiré sa motivation de sa grande curiosité et de son amour du milieu universitaire. Pour ce qui est des futures promesses que recèle la recherche sur le cerveau, elle évite d'avancer des hypothèses au sujet des éventuelles découvertes. « Nous avons eu tant de surprises au cours des cinquante dernières années. Je n'aurais pas pu m'imaginer que le progrès serait aussi fulgurant. Je n'ai pas l'habitude de me faire des illusions, mais je suis certaine qu'il y aura encore des découvertes passionnantes. »